Les partis politiques ayant des candidats simultanément aux élections présidentielles et législatives ont été invités à rencontrer la commission électorale.
En Namibie, le dépouillement des votes a commencé jeudi, après des retards prolongés le jour de l’élection dus à des problèmes techniques, forçant les autorités à prolonger le vote dans le cadre d’un scrutin crucial susceptible de remettre en question 34 années de domination du parti au pouvoir.
Les difficultés logistiques survenues mercredi dans ce pays d’Afrique australe, notamment des défaillances des tablettes électroniques utilisées pour vérifier l’identité des électeurs et une pénurie de bulletins de vote, ont contraint des foules à patienter jusqu’aux premières heures de jeudi.
Selon la loi électorale namibienne, les bureaux de vote devaient fermer mercredi à 21h00 (19h00 GMT), mais ceux qui étaient déjà dans la file avant cette heure ont été autorisés à voter.
Armés de chaises pliantes et de parapluies pour faire face aux longues attentes et au soleil brûlant, des Namibiens parmi les 1,5 million d’électeurs inscrits ont patienté pendant des heures devant les bureaux de vote, certains jusqu’à 12 heures.
Gestion des plaintes
À l’Université des sciences et technologies de Windhoek, le vote s’est terminé jeudi à 5h00. Des responsables électoraux ont confirmé à l’AFP la fin des opérations de vote à cette heure.
Devant l’hôtel de ville de Windhoek, parmi une centaine d’électeurs encore dans la file, Reagan Cooper, un agriculteur de 43 ans, a qualifié la situation de « profondément décevante ». La Commission électorale de Namibie (ECN) a prolongé les horaires de vote pour faire face aux retards.
Les premiers résultats, initialement attendus samedi, pourraient être retardés. Les partis politiques ayant des candidats simultanément aux élections présidentielles et législatives ont été invités à une réunion jeudi à midi avec l’ECN pour traiter des plaintes liées au processus.
L’opposition, notamment le parti Patriotes Indépendants pour le Changement (IPC), a critiqué la commission électorale pour les longues files d’attente, accusant une gestion inéquitable.
Une chance pour la première présidente
Christine Aochamus, responsable de l’IPC, a déclaré : « Nous avons des raisons de croire que l’ECN a intentionnellement opprimé les électeurs et tenté de les dissuader de voter ».
Le scrutin pourrait ouvrir la voie à l’élection de la première femme dirigeante du pays, dans un contexte où le parti au pouvoir, l’Organisation du Peuple du Sud-Ouest Africain (SWAPO), fait face à la plus grande menace à sa domination politique depuis l’indépendance de la Namibie vis-à-vis de l’Afrique du Sud en 1990.
Cependant, selon les analystes, la candidate de la SWAPO, Netumbo Nandi-Ndaitwah, actuellement vice-présidente, pourrait être confrontée à un second tour inédit.
Ndumba Kamwanyah, maître de conférences à l’Université de Namibie, a déclaré que les longues files d’attente étaient « le signe que les gens veulent vraiment du changement ».
Les défis de la Namibie
« À mon avis, ce n’est pas une bonne nouvelle pour le parti au pouvoir », a confié un analyste à l’AFP.
La SWAPO dirige la Namibie, riche en ressources minières, depuis l’indépendance, mais les plaintes concernant le chômage et les inégalités persistantes pourraient fragiliser sa position dans cette élection.
Panduleni Itula, chef de l’IPC et ancien dentiste devenu avocat, s’est dit optimiste mercredi quant à la possibilité de « renverser le mouvement révolutionnaire ».
Malgré son rôle de grand exportateur d’uranium et de diamants, une grande partie des trois millions d’habitants du pays ne bénéficie que peu de ces richesses.