Les travaux du Forum National sur la Maternité et le Périnatal ont débuté au Centre de Conférences de Niamey sous la présidence du Ministre de la Santé publique, le Colonel-Major Garba Hakimi.
Pendant trois jours, des experts des huit régions du pays se réuniront pour poser un diagnostic interne et multisectoriel du problème des décès maternels et périnataux, proposer des interventions efficaces à court, moyen et long terme pour réduire ces décès, et recommander des mécanismes appropriés pour leur mise en œuvre. Il convient de noter que les efforts du gouvernement et de ses partenaires pour mettre en œuvre des interventions à fort impact visant à améliorer le bien-être des femmes et des enfants ont permis de réduire les décès maternels, infantiles et juvéniles au cours des vingt dernières années.
Ainsi, entre 2006 et 2023, le taux de mortalité maternelle est passé de 648 décès pour 100 000 naissances vivantes à 441 décès pour 100 000 naissances vivantes, et les taux de mortalité infantile, juvénile et néonatale sont respectivement passés de 318 à 126 et de 40,7 à 24 pour 1 000 naissances vivantes. Cela a conduit le Niger à être présenté comme un exemple en matière de réduction de la mortalité infantile et juvénile. Selon le Colonel-Major, « les causes des décès maternels et périnataux, tant directs qu’indirects, sont multiples et reflètent toutes les inégalités d’accès aux soins de santé de qualité. »
Au Niger, « les trois principales causes directes des décès maternels sont les saignements graves (34%), l’hypertension pendant la grossesse (28%) et les infections durant la grossesse, l’accouchement ou après un avortement (24%). » Quant aux causes indirectes, l’anémie est responsable de 71% des cas de décès maternels, suivie du paludisme, qui représente 13% des cas, a-t-il précisé.
« En ce qui concerne la mortalité néonatale, les infections, l’asphyxie et les complications liées aux prématurés sont respectivement les causes les plus courantes, avec des taux de 32%, 29% et 24% », a-t-il ajouté. Le Colonel-Major a ensuite souligné : « Trois retards déterminants sous-tendent ces décès maternels et périnataux : le retard dans la prise de décision au niveau du ménage pour l’utilisation des soins, le retard dans l’accès à une structure de santé, principalement en raison de l’absence de routes ou de routes en mauvais état, l’absence ou la dégradation des ambulances, ainsi que la faible capacité d’achat des communautés et, enfin, le retard dans l’accès aux soins dans les établissements de santé. »
Il a également noté que d’autres dysfonctionnements dans les secteurs non sanitaires, associés aux facteurs socio-culturels enracinés dans nos communautés, influencent fortement la survenue des décès maternels et périnataux.
Il est à rappeler que ces décès surviennent dans un contexte socio-sanitaire caractérisé par une couverture sanitaire physique faible (55,45%), une faible prévalence de la contraception moderne (10%) et un faible taux de naissances assistées (42,6%), ce qui signifie qu’environ 60% des naissances se produisent à domicile sans aide qualifiée. Selon le ministre Garba Hakimi, « cette situation, qui plonge les familles et les communautés dans le deuil, touche principalement les jeunes filles et les femmes des zones rurales, affectant ainsi le potentiel de productivité de notre population. »
Au Niger, la lutte contre les décès maternels et périnataux est devenue une priorité de santé publique, une nécessité pour l’égalité sociale et pour le développement des droits de l’homme, en particulier des droits des femmes et des enfants. C’est pourquoi les plus hautes autorités du pays ont inclus dans le Programme de Résilience pour la Protection de la Mère Patria l’amélioration de l’accès aux soins de santé et aux services visant à contrôler la croissance démographique. Cela permettra au Niger de respecter ses engagements envers les Objectifs de Développement Durable (ODD), avec un objectif de 70 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, 12 décès néonatals pour 1 000 naissances vivantes et 25 décès d’enfants de moins de 5 ans pour 1 000 naissances vivantes. »
Le ministre Hakimi a ajouté : « Par conséquent, il est essentiel et urgent de renforcer la surveillance des décès maternels et périnataux, en enregistrant systématiquement ces décès dans les registres de la population et en effectuant des audits de tous les décès afin d’organiser des interventions appropriées et sauver des vies, afin d’accélérer la réduction des décès maternels et périnataux évitables et de progresser vers la couverture sanitaire universelle et les ODD. »
Enfin, il a exprimé sa gratitude envers tous ceux qui ont pris part à l’organisation de ce forum, en particulier les partenaires techniques et financiers qui ont accompagné les forums régionaux et l’organisation de l’actuel forum. Plus tôt, le représentant de l’OMS au Niger, M. Casimir Manengu, leader des partenaires techniques et financiers, a affirmé que « la lutte contre les décès maternels et périnataux nécessite une approche multisectorielle ». Le gouvernement, dans son ensemble et avec sa diversité sectorielle, les ONG, le secteur privé, les partenaires internationaux, les leaders communautaires et religieux, doivent travailler ensemble pour mettre en œuvre des solutions durables. »
Selon le chef des TFP, « la lutte pour réduire les décès maternels et périnataux nécessite la contribution de tous, notamment par un changement de paradigme en matière de communication de masse et de sensibilisation aux comportements favorables à la santé des mères et des enfants. »
« Cela inclut également l’amélioration de l’accès aux soins de santé par le biais des infrastructures et le renforcement de l’approvisionnement en services de santé reproductive », a-t-il ajouté. Les partenaires techniques et financiers seront toujours aux côtés du Niger pour lutter contre les inégalités d’accès aux soins de santé de qualité, en particulier en matière de santé reproductive, maternelle et néonatale, répondant ainsi aux besoins et priorités des femmes et des filles.
Le gouverneur de la région de Niamey, le Général de Brigade Assoumane Abdou, a également exprimé dans son discours de bienvenue le souhait que tous les acteurs soient engagés dans cette lutte commune. Il a souligné que « si certains infirmiers, sages-femmes, médecins, pédiatres et autres ne changent pas leur comportement et ne s’investissent pas pleinement dans ce pour quoi ils ont été formés et recrutés, et si les agents de l’État ne partagent pas leurs horaires de travail entre les services de l’État et les cliniques, nous ne sortirons pas de l’impasse. » Il a conclu en affirmant : « Si ce forum réussit, il doit permettre d’effacer les effets des anciennes pratiques. »